Avec Marie Jo BORNAND – Annie OUDIN et Nicole MARÉCHALE
Pour ce 2ème voyage en Inde du Sud, ce fut encore une fois pour moi, le dépaysement complet, ou la notion des distances, de la population (I, 2 milliards) et du temps surprennent à chaque fois.
Avec Marie Jo BORNAND – Annie OUDIN et Nicole MARÉCHALE
Pour ce 2ème voyage en Inde du Sud, ce fut encore une fois pour moi, le dépaysement complet, ou la notion des distances, de la population (I, 2 milliards) et du temps surprennent à chaque fois.
Voici quelques faits, quelques éléments, pour vous exposer la situation du pays et qui m’ont marquée plus particulièrement :
Les coupures d’électricité tout au long des journées et des nuits sont de gros problèmes pour l’Inde qui manque de réseaux, avec des installations précaires, accentuées avec des constructions galopantes pour les privilégiés.
L’eau est impropre à la consommation et ne coule que 2 H par jour – A noter qu’une entreprise française VEOLIA s’est engagée à fournir de l’eau potable et cela 24 H/24 H à une ville de 2.7 millions d’habitants d’ici 2015.
Il y a un nombre de suicides important notamment chez les fermiers, ils n’arrivent pas à faire face à leur remboursement de prêt suite à la baisse des coûts de leur produit, de la hausse des fertilisants et des graines ; en raison aussi de l’acquisition à bas prix ou à l’expropriation de leurs terrains par l’État pour effectuer les infrastructures – routes.
Le niveau de vie est en baisse, avec une hausse des importations et une baisse des exportations.
Ce qui m’a frappée aussi, c’est le sort des femmes chez les dalits : (les intouchables – castes des plus pauvres), de ces petites filles que l’on veut marier à des adultes âgés pour éviter de payer la dot et beaucoup d’autres coutumes ancestrales. Des lois interdisent toutes ces pratiques, mais les traditions perdurent et il faudra du temps pour que cela change.
La visite des 10 centres est toujours un moment de joie, avec la satisfaction de voir ces enfants qui travaillent bien et qui sont très entourés par les Sœurs.
À notre arrivée à BANGALORE : Nous avons le plaisir de retrouver toutes nos sœurs. Sœur MARIE-ANNE, une de nos trois sœurs françaises qui a 90 ans, qui n’a plus sa mémoire, est bien entourée dans sa communauté. Nous faisons le point sur tous les élèves et les prenons en photo. Nous avons également des demandes de nouveaux parrainages. Sœur SUSHITA nous indique que les familles viennent chercher l’argent tous les mois. Les comptes sont suivis sur des carnets de banque individuels à chaque enfant pour les dons reçus de leurs parrains et marraines et seront rendus aux familles à la fin des études.
Nous partons pour CARMALARAM, centre pour novices et qui prend en charge quelques enfants. Les Sœurs nous reçoivent. Les enfants sont là, nous les photographions. Nous demandons des nouvelles de la famille d’une des filleules dont la sœur est décédée d’une piqûre de serpent l’année précédente. Nous avons des demandes pressantes de nouveaux parrainages dans les familles, la pauvreté est tellement présente !
Nous partons pour HOSUR dans l’état du Tamil Nadu. Nous sommes accueillis par Sœur PRAKASA-MARY, Sœur SALETH et toute la grande Communauté de ce centre de 2500 élèves.
Sœur SALETH nous présente tous les enfants parrainés que nous prenons en photo. Nous visitons la case de la filleule de Nicole MARECHAL (case à peine éclairée, dans un état de salubrité innommable pour nous européens.
(Cette jeune n’a pas de parents et la grand-mère boit – elle veut la marier avec un vieil oncle, mais la jeune fille ne veut pas, elle veut continuer ses études. Nous parvenons avec la Sœur à la dissuader.
Comme chaque année, nous assistons sur l’estrade dans la cour de l’école, pour remercier l’association, à des démonstrations de danses de tous les élèves, les petites sont en habit de Shiva et autres. C’était vraiment magnifique tous ces saris de couleurs.
À 5 km d’Hosur, il y a le centre de MATHIGIRI :
Sœur PATRICIA et Sœur PHILO nous reçoivent. Les enfants nous remercient avec une danse. Point et photographie des enfants. Comme partout, demande de nouveaux parrainages.
Les parents viennent chercher l’argent ou le riz ou la nourriture au marché avec Sœur PHILO. Elle habille les enfants au marché 4 fois par an.
Nous allons visiter des familles de filleuls qui sont dans une pauvreté indescriptible, mais qui nous reçoivent avec tellement de chaleur.
Nous partons pour MATHAGONDAPALI.
Nous rencontrons Sœur MARIE- BENOIT dont la santé décline, mais qui est contente de nous voir, elle décédera 2 mois plus tard. Nous faisons la connaissance de Sœur VALSA qui connait bien chaque enfant. Nous faisons le point. Nous photographions les enfants ainsi que les demandeurs de nouveaux parrainages éventuels, à leur départ ou au retour de classe qui pour les plus jeunes, se trouve de l’autre côté de la rue en face de ce centre où les enfants vivent toute l’année.
Nous profitons de notre venue pour aller visiter la jeune RANI qui s’ était mariée l’année dernière lors de notre passage. Elle a une petite fille dont le nom n’était pas encore connu (il faut attendre 6 mois pour lui attribuer un nom !!! (Officieusement : son nom serait : Marie Jo). RANI vit selon la coutume pendant 3 mois avec le bébé chez son frère (car elle n’a pas de parents).
Depuis MATHAGONDAPALI, nous partons déjeuner au centre d’ARULAGAM :
Sœur CLARE FRANCIS nous reçoit et nous faisons le point. Les parents viennent chercher l’argent 4 fois par an. Le collège se trouve à côté, les enfants sont appelés pour la prise de photos et nous pouvons avoir un peu de conversation avec chacun, concernant leur situation scolaire et familiale. Ils repartent en cours. Des familles très pauvres profitent de notre venue pour nous demander de parrainer leurs enfants.
Visite du Centre d’ELATHAGIRI : Sœur SAINT-JEAN en pleine forme malgré ses 90 ans nous reçoit avec Sœur ROSINA. Sœur SAINT- JEAN ne s’occupe plus de l’internat (elle vient de prendre sa retraite!) mais suit toujours avec assiduité toutes ses filles (comme elle les appelle) dont elle s’est occupée pendant tant d’années. Nous faisons le point sur les filleuls et prenons les photos des enfants. Les carnets de banque sont tenus et sont rendus aux élèves à la fin de leurs études.
Sœur Saint Jean nous a fait le plaisir de nous accompagner pour la fin de notre voyage.
Nous arrivons à KRISHNAGIRI , le plus gros centre de notre périple Comme nous restons plusieurs jours, nous avons la visite de la plupart des parents avec leurs enfants qui nous expliquent leur situation familiale. Nous avons la visite des anciens filleuls et filleules qui viennent nous saluer, nous donner de leurs nouvelles, quelquefois avec mari et enfants. Pendant notre court séjour, nous avons la chance d’assister au jubilé de Sœur NAMBIKAI en présence de toutes les autorités locales (200 personnes invitées)
Nous chantons à cette occasion toutes les 4, un chant en français avec le Père BONNAL, missionnaire français établi dans la région, ainsi que Sœur SAINT JEAN. Nous partons pour un endroit magnifique mais excentré à YERCAUD (via SALEM)
Nous sommes reçus par Sœur THERESE FRANCIS et Sœur GEORGES après un long voyage très sinueux dans la montagne avec des singes tout au long de la route. Nous découvrons les nouveaux locaux construits par Sœur ANGELA.
Très petite communauté, nous retrouvons avec plaisir les enfants et les sœurs qui nous charment avec des danses et des chants. Nous avons le plaisir de constater que la quinzaine d’enfants travaillent avec assiduité et nous aurons pour l’année à venir 4 enfants qui vont poursuivre des études supérieures
Nous nous préparons à partir au bout du monde c’est-à-dire à DURAMSAMIPURAM :
Après un long trajet de 2 jours, nous arrivons dans ce centre situé au sud de l’Inde. Nous retrouvons Sœur RANI et les enfants qui nous font la fête, danses et chants en fin d’après-midi et le soir nous avons un concert de pétards ! (fête de la lumière). Nous apprenons qu’une enfant a perdu sa maman, piquée par un serpent. Les enfants viennent nous tenir compagnie et tiennent à nous montrer le jardin et les bêtes.
Dans tous les centres visités, nous notons que beaucoup de jeunes vont passer leur bac cette année. Ils souhaitent continuer leurs études supérieures pour avoir un bon métier.
Quel bonheur pour l’Association et pour les parrains – marraines de savoir que l’avenir de ces enfants est assuré, avec leur métier de professeur – infirmiers – docteur – informaticiens – commercial , etc. Il y a également des métiers manuels qui sont envisagés ( début de l’apprentissage technique niveau du bac ).
Le problème des études supérieures est le coût (de 3000 €). Il faut savoir que les étudiants s’endettent fortement pour finir leurs études et ils doivent rembourser leur emprunt pendant 10 ans, en rentrant dans la vie active. Nous avons ramené un maximum de photos des enfants (seuls manquent les malades et les étudiants aux Collèges Supérieurs très éloignés des centres ou qui passaient des examens le jour de notre visite).
Pour ces jeunes, nous avons des certificats scolaires et en général, ils font un courrier de remerciement.
Petites anecdotes pendant notre voyage :
Réveil tous les matins à 5 H. par les chants religieux musulmans et les hymnes nationaux, et en Inde, je dois dire que les sonos marchent bien…. La conduite de notre mini bus par un chauffeur Indien était un peu sportive, dirons-nous. A raison de 70 coups de klaxon toutes les 5 minutes, sur un parcours de 7 H , j’ai compté que nous avions eu droit à 5880 coups de klaxon ce jour-là (avec la vitre ouverte),
Nous sommes rentrés après 3 semaines et 3500 km, avec beaucoup de fatigue, mais qui est vite oubliée et compensée par le bonheur de voir le sourire de tous ces enfants qui nous attendent.
Nous avons appris fin janvier le décès de Sœur Marie Benoît qui avait 91 ans, c’était une de nos 3 dernières sœurs françaises. En Novembre dernier, elle était déjà bien fatiguée, mais heureuse de partager notre visite. Après 62 ans passés au service des pauvres dans des conditions impensables aujourd’hui, nous garderons de cette Sœur, la joie qui l’habitait parmi ses petites pensionnaires qu’elle affectionnait.
Je ne peux terminer ce rapport sans parler de celle qui a pendant 25 ans, œuvré pour cette association. Nous ne pouvons qu’admirer son dévouement et l’immense travail de Marie JO BORNAND. Elle s’est investie à fond dans cette association et nous lui souhaitons une heureuse retraite et la santé. Je vais essayer de continuer une partie de son travail, mais l’élève est loin d’atteindre le niveau de compétence du maître.
Merci Marie Jo pour tout ce que tu as fait et que tu continues encore de faire pour ces enfants. Je sais bien que les sourires et les bras tendus pour t’embrasser, de tous ceux que nous rencontrons là-bas sont les plus beaux des cadeaux pour toi.
Liliane MARMOEX Novembre 2012